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Histoire et patrimoine de Putot-en-Bessin

Histoire et patrimoine de Putot-en-Bessin

Origines de Putot-en-Bessin

L’étymologie du nom Putot proviendrait de l’association de deux mots : le premier correspondrait au nom masculin « Puto » d’origine germanique auquel aurait été associé le mot norrois « topt » qui signifiait ‘terrain avec habitation’, ‘propriété rurale’.

Aux environs des années 1080-1082, des terres et une partie de l’église de Bretteville l’Orgueilleuse sont offertes au roi Guillaume-le-Conquérant par le vicomte de Bayeux, Ranulf. Putot, simplement séparé de Bretteville par le chemin Bosquain, n’est alors « qu’un modeste bourg de la sergenterie de Cheux, succursale de la paroisse de Bretteville l’Orgueilleuse » dont le curé desservait la chapelle Notre-Dame de Putot.

En 1295, la ville fut achetée par Guillaume de Putot, alors abbé de Fécamp, à Edouard II, roi d’Angleterre. Les habitants de Putot mirent du temps pour obtenir l’autonomie de leur paroisse.

C’est seulement en 1748 que des donations faites à leur église leur fournissent un prétexte idéal pour entreprendre un recours auprès de l’abbaye Saint-Étienne de Caen et faire reconnaître le statut paroissial de leur ville. Pour eux, Putot n’est pas une annexe de Bretteville l’Orgueilleuse, mais constitue « une paroisse réellement distinguée de l’autre ».

En 1760, ce litige remonta jusqu’à la cour du roi de France qui trancha finalement en faveur d’une séparation effective des deux paroisses.

Le patrimoine de la commune

L’église Notre-Dame de la Nativité

Inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 12 avril 1927, les origines de l’église Notre-Dame de Putot remonteraient du XIIe au XIVe siècle. Dans l’ouvrage M. de Caumont : sa vie et ses œuvres écrit par Eugène de Robillard de Beaurepaire (1874), l’église de Putot en Bessin est décrite comme ayant initialement eu la forme d’une croix, la nef étant flanquée de deux chapelles qui furent supprimées à une période indéterminée. Sa nef désormais unique présente des fenêtres cintrées à colonnettes et deux portes, l’une au nord et l’autre au sud. La porte méridionale est murée depuis longtemps. L’entrée s’effectue donc par la porte septentrionale. Les modillons à arcatures annoncent une transition stylistique avec l’art gothique et peut-être même avec le style architectural développé dans la région pour les premières années du XIIIe siècle. Il est cependant difficile de l’affirmer tout à fait car l’église, fortement endommagée lors des bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, fut en grande partie restaurée ensuite.

Les fonts baptismaux

Les fonts baptismaux, situés dans l’église Notre-Dame de la Nativité, sont composés de marbre et de bois. Ils se constituent de deux cuvettes, coiffées d’un couvercle, qui reposent sur une colonne de marbre rose.

La croix du cimetière

La croix de Putot en Bessin daterait de la première moitié XVIIe siècle. Située dans le cimetière, elle a été classée le 10 avril 1932 et est inscrite par arrêté au patrimoine national des Monuments Historiques le 04 octobre de la même année. Mutilée lors de la Seconde Guerre mondiale, elle a été depuis restaurée.

Le vieux puits

Autrefois, ce type de puits était nommé « puits de quartier » et permettait un accès à l’eau potable aux riverains. Très courant à l’époque, il est accolé au mur du château, devant l’entrée de l’église. Il est toujours équipé de sa grille et de sa poulie.

Le château

Château de Putot-en-Bessin

En réalité, il s’agit d’un manoir qui porte l’appellation « château de Putot » depuis 1936. La partie centrale daterait du milieu du XVIIIe siècle et le reste du bâtiment fut construit sous Louis-Philippe (1773-1850).

Le blason

Un blason, placé sur le mur d’un ancien manoir du XVIIe siècle, aujourd’hui transformé en habitation, est visible dans la rue de l’Église. Malheureusement endommagé pendant la Révolution, ses origines et son dessin initial nous restent inconnus. Il pourrait s’agir du blason d’un ordre seigneurial ou religieux ou encore du symbole d’une confrérie. En effet, du XIe jusqu’au XVIIIe siècle, les armoiries représentées sur les blasons permettaient d’identifier rapidement le propriétaire ou la famille à qui elles se rattachaient.

Le monument aux Canadiens

Le monument aux canadiens

Les 07 et 08 juin 1944, le Royal Winnipeg Rifles (ou Primary Reserve one-battalion infantry regiment) de l’armée canadienne et le Canadian Scottish Regiment ont pris part aux combats pour la libération de la commune. Les soldats du RWR avaient été surnommés les « Little Black Devils » (petits diables noirs), mais furent nombreux à périr sous le feu de l’occupant allemand. Ce monument est dédié à ces soldats ainsi qu’à tous les hommes « qui ont servi la cause de la liberté » pendant la bataille de Normandie.

La léproserie et son cimetière

Fouille sur le site de l'ancienne léproserie

 

La léproserie de Putot en Bessin et son cimetière ont été l’objet d’une fouille archéologique de sauvetage urgent en 2000.

Ce site aurait fonctionné du XIIIe au milieu du XVe siècle (elle aurait disparue avant 1614, les sources textuelles du XVIIe siècle relatives aux communes de Putot et de Bretteville l’Orgueilleuse ne la mentionnant plus). Installée le long de l’ancienne voie romaine qui reliait Bayeux à Lisieux, dans un espace intermédiaire entre les territoires de Putot et de Bretteville (peut-être pour bénéficier du privilège d’exemption monastique), cette léproserie a laissée peu de traces dans les textes, même si elle est mentionnée à diverses reprises dans des actes de donations pieuses.

L’établissement semblerait avoir été de taille assez modeste et les évaluations réalisées à l’issue de la campagne de fouilles ont permis d’estimer que son emprise ne dépassait pas 5 000 m2. Généralement, les léproseries médiévales regroupent divers bâtiments : une chapelle, souvent de taille modeste, une maison d’accueil pour les lépreux, une écurie, une grange…

Plusieurs structures ont pu être observées et dégagées lors des investigations archéologiques menées sur le site de La Corneille : un bâtiment rectangulaire, une mare, un dépotoir… associés à un ensemble funéraire dont 44 sépultures ont pu faire l’objet d’une dégagement complet.

La zone sépulcrale s’organise à la fois en fonction du sexe des défunts et des appareils funéraires qui y ont été déterminés.

Outre les inhumations primaires, plusieurs recoupements de fosses et des os placés en réduction à la tête, sur les côtés ou aux pieds de certains défunts ont également pu être observés. La répartition topographique des fosses montre qu’elles se concentrent majoritairement à l’est du bâtiment rectangulaire, en deux groupes distincts et qu’elles sont disposées en suivant un alignement précis. La densité initiale des inhumations au sein de ce cimetière a pu être estimée à environ 220 tombes potentielles dont une grande partie a semble-t-il été détruite lors de la construction de la RN 13 dans les années 1970.

L’analyse anthropologique menée sur les individus exhumés, bien conservés, a permis de constater une forte mortalité des sujets de moins de 30 ans, situation classique pour les populations des périodes historiques, mais a surtout mis en évidence une complète absence d’enfants parmi les défunts. S’il est possible de penser que les immatures ont pu être enterrés dans un autre secteur de la nécropole ou inhumés dans le cimetière paroissial, aucun élément tangible de la fouille n’a permis d’expliquer cette lacune. Les léproseries, établissements particuliers, accueillaient cependant essentiellement des adultes et ce manque d’enfant ne ferait « que souligner le caractère démographiquement non naturel » de cette population.

La détermination sexuelle, possible pour 25 des sujets à partir des os du bassin, a permis d’obtenir une distribution sans anomalie statistiquement significative (14 femmes pour 10 hommes). Par contre, la distribution spatiale des tombes selon le sexe met en évidence une dominante plus masculine pour les sépultures de la rangée ouest, proche du bâtiment, et plus féminine pour la rangée orientale, davantage éloignée de ce dernier. Même si le nombre de sujets de sexe non déterminable incite à tempérer ces premières observations, il semblerait bien exister à la léproserie de la Corneille une répartition préférentielle des tombes selon le sexe des défunts. Il est possible que cette différence de traitement pourrait être aussi liée à un clivage social, religieux ou professionnel. La plupart des exhumés de ce site présentent des atteintes pathologiques ayant laissé des séquelles sur les os.

Sur la totalité de cette population, 33 sujets ont souffert de maladies diverses : fractures ou lésions d’ordre accidentel, professionnel ou guerrier avec trace de guérison dans 2 cas ; atteintes dégénératives dans 32 cas (arthrose, arthrite, problèmes bucco-dentaires avec abcès, défauts de croissance, chutes dentaires ante mortem…) et atteintes lépromateuses avérées dans 7 cas. Les problèmes dentaires ne sont pas liés à l’âge car ils concernent aussi bien les sujets jeunes que les individus âgés, ce qui traduit une santé assez médiocre de la population. Si la lèpre ne semble toucher que 15 % de la population de la léproserie de Putot, cette fréquence est probablement sous-estimée, la maladie ne se traduisant pas toujours par des atteintes osseuses.

Plusieurs des malades présentent un facies leprosa caractéristique des lépreux avec un remaniement important de la zone rhino-maxillaire, une ostéolyse (absence de structure osseuse) marquée des os du palais et de la mâchoire supérieure, des membres atrophiés (mains et pieds). À l’issue de ces travaux, riches en apports d’informations sur une petite communauté médiévale, l’ensemble du site a été réenfoui. Sources : « La léproserie de Putot en Bessin ‘La Corneille sud’ (XIIIe-XVe siècle), par Guillon M., Grégoire V., Jeanne D. et Hérard A., dans Une histoire des campagnes aux portes de Bayeux, Cyrille Billard (dir.), Direction Régionale des Affaires Culturelles, 2002, p. 44-46 ; « Histoire, archéologie et anthropologie d’une léproserie et de ses morts : Putot en Bessin », par Guillon M., Grégoire V., Jeanne D., dans Archéologie et architecture hospitalières de l’Antiquité tardive à l’aube des temps modernes, Touati F.-O. (dir.), La Boutique de l’Histoire, Paris, 2004, 440 p., p. 45-101.

La libération de Putot en Bessin en 1944

Putot en Bessin, village paisible au cœur de la Normandie, a vu s’affronter et se déchirer des hommes durant la Seconde Guerre mondiale. Le village compte des centaines de victimes canadiennes et allemandes.

Pour les alliés, les prises de Bretteville l’Orgueilleuse, Putot en Bessin, Norrey et Rots sont des victoires essentielles et capitales dans les opérations de la libération du territoire français.

Le mardi 06 juin, à l’aube, les Alliés viennent de débarquer. Le canon gronde au loin. Thérèse Lefranc, fille d’un agriculteur de Brouay écrit : « depuis le matin, il y a une forte intensité d’aviation. Les avions nous survolent et mitraillent partout ». Avec l’annonce du Débarquement, des bombardements et des mitraillages, les anciens du village qui ont fait la Grande Guerre vont donner l’exemple en creusant des tranchées et en bâtissant des abris pour protéger la population.

Le Royal Winnipeg Rifles (RWR) a débarqué sur les plages de Courseulles, appelées « Juno Beach » par les Alliés. Le RWR, appelé aussi « Little Black Devils » (petits diables noirs) d’après la couleur de leur béret, libère chaque village normand traversé. À Putot en Bessin, le RWR se heurte cependant au 26e Régiment SS de Panzergrenadiers, commandé par le général Mohnke.

Le lieutenant colonel John Meldram, qui commande le RWR, confie la défense de l’ouest de Putot à la Compagnie A du major Hodge. Elle est appuyée par la Compagnie B du capitaine Phil Gower, qui couvrira le PC du Bataillon. La Compagnie C du major Jones s’installe au centre et contrôle le passage à niveau. L’est du village est couvert par la Compagnie D du major Fulton.

Le matin du 08 juin, la division SS de Panzergrenadiers, cantonnée à Audrieu, contre-attaque et reprend le village, non sans avoir rencontré une vive résistance ainsi que le raconte Jacques Lemanissier dans son journal intime : « Le 08 juin, vers 04 heures du soir, […] un Allemand vient nous dire que les Canadiens sont repoussés […]. Une demi-heure plus tard, un obus éclate juste sur le toît du clocher. Le toit s’effondre dans un nuage de fumée ».

Dans la soirée du 08 juin, les Canadiens lancent une nouvelle attaque et repoussent les Allemands hors de Putot. L’assaut du Canadian Scottish Regiment va durer une heure et demie. La bataille de Putot entraîna 195 morts pour la 7e brigade canadienne.

La commune de Putot en Bessin est enfin libre.